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En Jordanie, les réfugiés palestiniens inquiets de la fin de l’aide américaine

Publié le

2 Sep 2018

AFP / AHMAD ABDOZeinab al-Ardaba, une réfugiée palestinienne de 78 ans, dans le camp de Baqa’a, en Jordanie, le 2 septembre 2018

« Nous avons déjà perdu notre pays, maintenant ils menacent nos moyens de subsistance », soupire Zeinab al-Ardaba, dans le camp de réfugiés palestiniens de Baqaa, en Jordanie, sous le choc après la fin des aides américaines à une agence de l’ONU aidant ces exilés.

Mme al-Ardaba est l’une des 119.000 réfugiés résidant dans cet immense camp – le plus grand de Jordanie – aux allées sinueuses jonchées de déchets et parcourues d’eaux usées.

Cette grand-mère de 78 ans, au visage ridé entouré d’un voile bleu, vit dans le camp depuis sa construction en 1967, après la guerre dite des « Six-jours » durant laquelle Israël s’est emparé de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Si la plupart des résidents du camp sont arrivés à la même période, certains ont fui leur terre d’origine dès 1948, lors de la guerre ayant éclaté après la création d’Israël.

« Où devrions-nous aller? Maintenant qu’ils s’en prennent même à nos moyens de subsistance… Comment pouvons-nous être censés payer pour l’école si nous n’arrivons déjà pas à joindre les deux bouts? », se demande-t-elle.

« Comment Trump fera-t-il face à Dieu au Jour du jugement dernier? »

Les Etats-Unis, qui étaient les plus grands contributeurs au budget de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), ont annoncé vendredi qu’ils cessaient leur financement à cette organisation, l’accusant de mener des activités « irrémédiablement biaisées ».

La fin des contributions américaines met en péril les activités de cette agence de l’ONU.

AFP / AHMAD ABDODes écoliers palestiniens, réfugiés dans le camp de Baqa’a en Jordanie, suivent une leçon dans leur école gérée par l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, le 2 septembre 2018

Créée en 1949, l’Unrwa aide plus de trois millions de Palestiniens sur les cinq millions enregistrés comme réfugiés, notamment à travers un réseau de plus de 700 écoles et de centres de santé, dans les territoires palestiniens mais aussi au Liban, en Jordanie et en Syrie.

Le directeur de l’Unrwa, Pierre Krähenbühl, a rappelé jeudi que l’agence est vitale pour la survie de millions de personnes jusqu’à ce que soit trouvée une solution définitive au conflit israélo-palestinien.

« Seul Dieu connait les conditions difficiles auxquelles nous sommes confrontés dans les camps. Il est compliqué de trouver du travail et beaucoup sont au chômage, sans argent… La vie est difficile, très difficile », témoigne Mme Al-Ardaba.

– « Nous survivrons » –

Selon l’ONU, la Jordanie accueille près de 2,2 millions de réfugiés palestiniens, soit près de la moitié de sa population.

AFP / AHMAD ABDOHussein Abou Shanaan, 80 ans, est l’un des réfugiés palestiniens résidant dans le camp de Baqa’a, au nord d’Amman, en Jordanie, le 2 septembre 2018

La décision américaine « injuste et irresponsable aura de grandes conséquences sur la vie des Palestiniens », affirme Hussein Abou Shanaan qui vit au camp de Baqaa avec ses quatre enfants et une vingtaine de petits-enfants.

« Mais qu’importe ce qu’ils nous font, nous les Palestiniens, nous survivrons », assure cet homme frêle.

Considéré comme provisoire après la guerre de 1967, le camp de Baqaa, ses 16 écoles et ses deux centres médicaux ressemble aujourd’hui à une vraie ville.

Soutenu par Washington, Israël accuse l’organisation de « perpétuer le conflit » israélo-palestinien en entretenant l’idée – à laquelle il s’oppose – que de nombreux Palestiniens sont des réfugiés dotés du droit au retour sur les terres qu’ils ont fuies ou dont ils ont été chassés lors de la création d’Israël.

Mais pour les Palestiniens, le droit au retour est essentiel.

« Si les Américains ne veulent pas nous aider, ils peuvent nous rendre notre pays, nos terres et nos propriétés », dit Najiya Faraj.

« Nos familles possédaient autrefois de grandes maisons, des fermes, des animaux. Aujourd’hui, nous supplions pour recevoir de l’aide », soupire Mme Faraj, qui vit dans le camp avec ses 13 enfants avec seulement 130 euros par mois.

« Plus d’un demi siècle après nous avoir expulsés de nos maisons, ils s’attaquent à nos vies et à nos moyens d’exister. Que veulent-ils de nous? »

Hani al-Jabarat, père de deux enfants, affiche son anxiété alors qu’il sort d’une épicerie du camp où il a acheté du pain.

« Que Dieu vienne en aide à ces gens. Ils peuvent à peine trouver du pain pour nourrir leurs enfants… Que va-t-il leur arriver ? », s’interroge-t-il.

Source: AFP

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