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jeudi, mars 28, 2024
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Saïd CHATAR :La révolution démocratique en Algérie 

Publié le

Les agitations sociales pacifiques que connait aujourd’hui l’Algérie vont-elles engendrer des nouvelles législations sociales audacieuses, une philosophie politique basée sur l’entente entre les individus et les groupes dans le cadre d’un système socio-économique plus juste et une société moins inégalitaire ? Cette révolution tranquille que le peuple algérien est en train d’entamer sereinement conduira-t-elle les classes laborieuses algériennes à participer à la vie concrète de l’Etat dont le but fondamental et urgent est d’abattre les privilèges et corriger les abus et les inégalités ? Amènerait-elle à la direction de l’Etat des élites choisies démocratiquement par un peuple mis à l’écart depuis 1962 pour l’empêcher de jouer son rôle politique au sens noble du terme ? La mafia militaro-bureaucratico-financière attachée au monde capitaliste qui domine L’Etat algérien, va-t-elle céder aux revendications des masses populaires algériennes ? Ou plutôt, dans de telles conditions, le peuple algérien, va-t-il passer la main à une nouvelle caste étrangère à ses intérêts ?

Afin d’essayer de répondre à ces questions, il semble qu’il faille s’orienter vers l’accession des masses éduquées politiquement à la gestion d’un Etat démocratique. En effet, le peuple algérien qui a été tenu toujours hors de l’Etat,  doit apprendre ses droits et ses devoirs de citoyen, ou, si l’on veut, sa citoyenneté. A cette fin, des partis politiques démocratiques dotés de projets contenant des programmes avec des propositions concrètes, pourront répondre aux besoins réels et aux attentes profondes du peuple algérien. Mais les premiers efforts d’éducation démocratique devront concourir à former une élite de ‘’chefs’’, doués d’une vaste culture générale, prêts à consacrer leurs loisirs à la chose politique et s’y exerçant avec conviction, honnêteté et désintéressement. A cet égard, les vocations politiques ont toujours été rarement encouragées par le pouvoir de la mafia militaro-bureaucratico-financière.

Rappelons par ailleurs que tout Etat est saisi par une vague de fond dirigiste. Et, comme il prétend s’occuper de toutes choses, il devient inéluctablement bureaucratique et technocratique. Toutefois, dans une économie où le travail aura la maîtrise du capital, il sera possible d’éviter la métamorphose ‘’kafkaïenne’’ de l’Etat en technostructure bureaucratique, de le libérer de l’emprise de la haute finance et de rendre au politique sa notion fondamentale : la gestion de la chose publique pour le bien du plus grand nombre.

L’Algérie qui est un territoire très étendu d’environ 2.500.000 Km², avec des régions très diverses, devrait s’orienter vers une certaine décentralisation. Etape délicate, car l’Etat est centralisateur et ses futurs responsables doivent être doués d’une intelligence et d’un rare désintéressement pour respecter la liberté des groupements inférieurs. En fait, dans ce nouveau cadre démocratique, l’Etat devra respecter les collectivités intermédiaires, l’autonomie régionale, locale, garantir aux groupements professionnels, politiques, sociaux, culturels, scientifiques, le libre exercice de leurs activités, se contentant de coordonner leurs efforts, de sanctionner leurs conventions, de trancher les conflits éventuels. Voilà la première réforme positive que le futur Etat doit faire. La base d’un semblable régime ne peut être que le suffrage universel qui sera préparé au préalable par un gouvernement de coalition nationale homogène ayant la confiance du peuple, fondé sur un programme immédiat ayant pour mission de préparer, superviser et contrôler les élections. Pour cela, il faudra établir un calendrier échelonnant les diverses consultations : élections municipales et communales, législatives, professionnelles… Le nouveau parlement qui sera installé aura pour tâche de doter le pays d’une nouvelle constitution fondée sur la démocratie, à savoir la séparation de tous les pouvoirs : législatif, exécutif, judiciaire. Ainsi, un nouveau gouvernement sera constitué sur la base des résultats obtenus et sera indiscutablement représentatif. 

Toutefois, notons à ce propos que les élections ne sont pas une fin en soi, car tout système électoral qui considère la société comme une juxtaposition ‘’arithmétique’’ d’individus en donnant une voix à chaque citoyen, néglige ses caractères concrets. La société est extrêmement complexe, ‘’géométrique’’, et les individus qui la composent sont des personnes ayant une expérience, des responsabilités, des charges, des autorités différentes… Le but du suffrage universel ne doit pas consister uniquement à afficher les résultats des élections sur les lieux publics, mais surtout à faire entrer la démocratie dans la vie et dans les institutions afin que toutes les couches du peuple algérien puissent s’exprimer et participer activement à la gestion des affaires en Algérie. 

Et face à cela, il est sûr et certain qu’il faudra une meilleure démocratie qui exige un parlement politique plus dégagé de la tyrannie des femmes et des hommes soumis à l’Etat, à l’Administration ; laquelle démocratie nécessite également une chambre composée de toutes les tendances politiques libres, démocratiques, mais aussi de compétences professionnelles.  

Le futur régime qui verra le jour si le peuple algérien réussira sa révolution pacifique, doit nécessairement développer un climat démocratique, dans lequel chaque citoyen(e) et chaque corps de citoyen(e)s doivent être informés des buts et des résultats de l’action politique commune, doivent être libres de manifester leur opinion, de se réunir, d’entreprendre toute action qui parait utile au jugement des chefs responsables. Bien sûr, un pareil régime sera long à créer et supposera sans cesse un difficile équilibre ; mais il présentera une garantie sérieuse. Il fait appel beaucoup plus aux qualités morales qu’au seul mécanisme des institutions. Il est, en tout cas, le seul capable d’assurer une ample et sage intégration des masses populaires en évolution et en mouvements perpétuels.

Mais gare aux ennemis de l’intérieur et de l’extérieur de l’Algérie et de son peuple en particulier et du Maghreb en général. Seuls le courage, la vigilance et l’endurance permettront au vaillant peuple algérien de résister aux attaques et aux stratagèmes machiavéliques de ses ennemis intérieurs et extérieurs.

Les peuples des espaces régionaux maghrébin et subsaharien qui ont intérêt à ce que l’Algérie soit un pôle stable et démocratique, se doivent de soutenir la révolution pacifique algérienne jusqu’au bout.

Saïd CHATAR

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