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LE CORONAVIRUS, ACCÉLÉRATEUR DE PAIX ENTRE ISRAÉLIENS ET PALESTINIENS

Publié le

Vendredi 27 mars 2020 par Frédérique Schillo@FredSchillo

Alors que l’épidémie de coronavirus se propage à Gaza et en Cisjordanie -où elle a fait sa première victime-, elle oblige Palestiniens et Israéliens à renforcer leur coopération. Du moins officieusement.

Le célèbre Walled Off de Bethléem affiche aujourd’hui porte close

Depuis quelques jours, le petit singe déguisé en groom de l’hôtel Walled Off de Bethléem est affublé d’un masque médical. La sculpture qui trône à l’entrée de ce Trois étoiles, propriété du célèbre artiste britannique Banksy, s’est mise au diapason de la crise sanitaire sans précédent qui déferle sur les Territoires palestiniens. Il y a quelque temps encore, le Walled Off promettait des chambres couvertes des œuvres du street artiste et « la pire vue » de la région face au mur de séparation avec Israël. Fidèle à son engagement militant, l’établissement a même décidé de repeindre sa façade en noir en signe de protestation contre le plan de paix de Trump. C’était en février dernier ; autant dire, une éternité. Le Walled Off affiche aujourd’hui porte close comme tous les hôtels de la ville. Et c’est bien de paix avec Israël dont les Palestiniens ont besoin à tout prix, même s’ils ne le disent pas tout haut, pour affronter l’épidémie de coronavirus.

Le scénario du pire

Bethléem est devenue l’épicentre de la pandémie en Cisjordanie depuis que les premiers cas y ont été enregistrés début mars. L’alerte avait été donnée suite au passage d’une délégation de touristes coréens, dont plusieurs se sont révélés atteints du covid-19 à leur retour en Asie. Dès le 6 mars, avant même qu’Israël ne prenne ses premières mesures de confinement, un couvre-feu était décrété à Bethléem, ses écoles fermées, tout comme les mosquées et les églises, dont la basilique de la Nativité. Jamais le lieu supposé de la naissance de Jésus n’avait ainsi été fermé aux fidèles, y compris en période de guerre. Et cela devrait durer : depuis dimanche, ce sont tous les Territoires palestiniens qui se trouvent en état d’urgence. Les festivités de Pâques, si cruciales pour le tourisme, se dérouleront dans des villes mortes.

Le bilan humain est déjà très préoccupant. Jeudi, on comptait 6.500 Palestiniens en isolement, 64 patients infectés par le coronavirus, dont 17 en phase de rémission selon les chiffres transmis par les responsables de Ramallah, mais aussi un tout premier décès : une femme âgée d’une soixantaine d’années, originaire du village de Biddo, près de Ramallah. « C’est avec une grande tristesse que nous apprenons la mort d’une mère palestinienne », a tweeté mercredi soir le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh, en appelant à la mobilisation de tous pour endiguer l’épidémie. Le bilan pourrait être en réalité plus lourd, l’Autorité palestinienne ayant procédé à très peu de tests.

Les premiers cas sont apparus à Gaza cette semaine : deux hommes de retour du Pakistan, aussitôt placés dans des centres de confinement, auxquels se sont ajoutés mercredi sept autres malades, des officiers de sécurité qui étaient précisément chargés d’assurer leur mise en quarantaine et ont été à leur tour contaminés. L’enclave que certains s’amusaient encore il y a peu à décrire comme « l’endroit le plus sûr au monde au temps du coronavirus », tant elle est coupée de tout, coincée entre la barrière israélienne, le mur que construit l’Egypte et la mer, est en passe de devenir, avec les 2 millions d’habitants qui s’y entassent, la zone la plus dangereuse de la planète.

Gaza se présente comme un immense bouillon de culture avec son extrême densité (5.500 habitants/m2), une très grande misère, des conditions d’hygiène épouvantables (90% de l’eau y est non potable) et un système de santé archaïque. Les habitants payent évidemment la folie meurtrière de leurs dirigeants du Hamas, plus soucieux d’investir dans la guerre contre Israël que dans le bien-être de leur peuple. Avec seulement 60 respirateurs dans toute l’enclave, les Gazaouis ne peuvent espérer s’en sortir seuls.

Coopération forcée

Pour l’instant, les Palestiniens comptent sur la solidarité internationale. L’OMS envoie 1.000 kits de tests à Gaza. Le Koweït lance un fonds de secours de 5 millions d’euros, l’émir du Qatar annonce quant à lui 135 millions d’euros d’aide à Gaza. De quoi investir dans du matériel médical, mais cela reste insuffisant pour affronter l’épidémie et la crise économique majeure qui s’en suivra.

La coopération avec Israël apparaît plus que nécessaire, vitale. « Les Israéliens et nous nous trouvons désormais dans une salle d’opération conjointe pour gérer la crise du coronavirus et prévenir la propagation de la maladie. Eux et nous sommes en danger », a déclaré le porte-parole de l’Autorité palestinienne, Ibrahim Milhem.

Comme toujours en période de crise, les idéologies se fracassent sur le mur de la réalité : le gouvernement Netanyahou pourrait débloquer les millions de recettes fiscales qu’Israël perçoit chaque mois au nom de l’Autorité palestinienne et dont il avait arrêté le versement pour sanctionner les distributions d’argent aux prisonniers et aux familles de terroristes. L’UNRWA, tant décriée par la droite israélienne et le président Trump, devrait être appelée à la rescousse dans les camps de réfugiés, notamment à Gaza.

Plus que tout, Israël redoute un effondrement de l’Autorité palestinienne, aux conséquences désastreuses d’un point de vue politique et sécuritaire. Le bouclage de la Cisjordanie est envisagé pour enrayer la vague de l’épidémie. Dans le même temps, « Tsahal est prêt à mettre en place des hôpitaux en Cisjordanie si le coronavirus est hors de contrôle », annonce le général israélien Ghassan Alian, responsable de l’Administration civile en Cisjordanie, interrogé dans Israel Hayom.

Silence, on soigne

En réalité, la coopération israélo-palestinienne est déjà renforcée. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est félicité de l’excellence de leur coopération, quand tant de pays du Moyen-Orient peinent à prendre la mesure de la crise. Le président israélien Reuven Rivlin a déclaré avoir appelé Mahmoud Abbas pour coordonner leurs efforts. Et ce n’est que la partie visible de cette entente forcée.

La discrétion reste cependant de mise. Netanyahou n’a pas intérêt à révéler combien il se démène pour éviter un chaos aux Palestiniens quand chaque jour il accuse les Arabes israéliens d’être des suppôts du terrorisme ; Mahmoud Abbas préfère taire les dessous de la coopération avec Israël, lui qui a fait de la rupture de leurs relations une menace récurrente ; le Hamas n’osera jamais admettre que l’aide venue d’Egypte ou d’ailleurs est le fruit d’une coopération avec les sionistes.

Bientôt, les vieilles luttes reprendront. A Gaza, le Djihad islamique diffuse déjà l’image d’un combattant moitié docteur, moitié soldat, pour rappeler que la guerre contre Israël continue pendant la pandémie. En attendant, Palestiniens et Israéliens n’ont pas d’autre choix que de combattre côte à côte le même ennemi.

Source CCLJ

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