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L’Arabie saoudite face à un appel périlleux du pèlerinage alors que le virus augmente

Publié le

AFP / Fichier / FETHI BELAIDLes pèlerins musulmans se réunissent en août 2019 autour de la Kaaba, le sanctuaire le plus sacré de l’islam, à la Grande Mosquée de la ville sainte de La Mecque en Arabie saoudite avant le début du pèlerinage du hadj de l’année dernière

L’Arabie saoudite devrait réduire ou annuler le pèlerinage du hajj de cette année pour la première fois de son histoire moderne, selon les observateurs, une décision périlleuse alors que les cas de coronavirus augmentent.

Les nations musulmanes font pression sur Riyad pour qu’il prenne sa décision très tardive de savoir si le rituel annuel se déroulera comme prévu fin juillet.

Mais alors que le royaume négocie un appel semé de risques politiques et économiques dans une région de tinderbox, le temps presse pour organiser la logistique de l’un des plus grands rassemblements de masse au monde.

Un hajj à grande échelle, qui a attiré l’année dernière environ 2,5 millions de pèlerins, semble de plus en plus improbable après que les autorités ont conseillé aux musulmans fin mars de différer les préparatifs en raison de la propagation rapide de la maladie.

« C’est un mélange entre la tenue d’un hadj nominal et sa suppression », a déclaré à l’AFP un responsable sud-asiatique en contact avec les autorités saoudiennes du hadj.

Un responsable saoudien a déclaré à l’AFP: « La décision sera bientôt prise et annoncée ».

L’Indonésie, la nation musulmane la plus peuplée du monde, s’est retirée du pèlerinage ce mois-ci après avoir fait pression sur Riyad pour plus de clarté, un ministre l’appelant « une décision très amère et difficile ».

La Malaisie, le Sénégal et Singapour ont emboîté le pas avec des annonces similaires.

De nombreux autres pays à population musulmane – de l’Égypte au Maroc en passant par la Turquie, le Liban et la Bulgarie – ont déclaré qu’ils attendaient toujours la décision de Riyad.

Dans des pays comme la France, les chefs religieux ont exhorté les musulmans à « reporter » leurs plans de pèlerinage jusqu’à l’année prochaine en raison des risques qui prévalent.

Le hajj, un incontournable pour les musulmans valides au moins une fois dans leur vie, représente une source potentielle majeure de contagion car il emmène des millions de pèlerins dans des sites religieux congestionnés.

Mais toute décision de limiter ou d’annuler l’événement risque d’agacer les extrémistes musulmans pour qui la religion l’emporte sur les problèmes de santé.

Cela pourrait également déclencher un nouvel examen de la garde saoudienne des sites les plus sacrés de l’islam – la source la plus puissante de légitimité politique du royaume.

Une série de catastrophes meurtrières au fil des ans, dont une bousculade de 2015 qui a tué jusqu’à 2 300 fidèles, a incité la critique de la gestion du hajj par le royaume.

« L’Arabie saoudite est prise entre le diable et la mer d’un bleu profond », a déclaré à l’AFP Umar Karim, chercheur invité au Royal United Services Institute de Londres.

« Le retard dans l’annonce de sa décision montre qu’il comprend les conséquences politiques de l’annulation du hadj ou de la réduction de son ampleur ».

– «Acheter du temps» –

Le royaume « gagne du temps » en marchant avec prudence, a déclaré le responsable sud-asiatique.

« À la dernière minute, si l’Arabie saoudite dit » nous sommes prêts à faire un hajj complet « , (logistiquement) de nombreux pays ne seront pas en mesure » de participer « , a-t-il déclaré.

AFP / Fichier / –Un nombre très limité d’adorateurs musulmans se promènent autour de la Kaaba sacrée dans la Grande Mosquée de La Mecque, le site le plus sacré de l’islam, pendant la pandémie de coronavirus

Au milieu d’une suspension continue des vols internationaux, un hajj réduit avec uniquement des résidents locaux est un scénario probable, a ajouté le responsable.

La décision d’annuler le pèlerinage serait une première depuis la fondation du royaume en 1932.

L’Arabie saoudite a réussi à organiser le pèlerinage lors des précédentes épidémies d’Ebola et de MERS.

Mais il a du mal à contenir le virus dans un contexte de forte augmentation des cas et des décès quotidiens depuis que les autorités ont commencé à assouplir le verrouillage à l’échelle nationale fin mai.

Dans les hôpitaux saoudiens, des sources affirment que les lits de soins intensifs se remplissent rapidement et qu’un nombre croissant d’agents de santé contractent le virus, le nombre total de cas ayant dépassé 130 000. Lundi, le nombre de morts a dépassé les 1 000.

Pour contrer le pic, les autorités ont resserré ce mois-ci les restrictions de verrouillage dans la ville de Jeddah, porte d’entrée de la ville de pèlerinage de La Mecque.

– «Heartbroken» –

« Le hajj est le voyage spirituel le plus important dans la vie de tout musulman, mais si l’Arabie saoudite procède dans ce scénario, il exercera non seulement des pressions sur son propre système de santé », a déclaré Yasmine Farouk du Carnegie Endowment for International Peace.

« Il pourrait également être largement tenu pour responsable de l’atténuation de la pandémie. »

Un hajj annulé ou édulcoré représenterait une perte de revenus importante pour le royaume, qui est déjà sous le choc des deux chocs du ralentissement induit par le virus et de la chute des prix du pétrole.

Le petit pèlerinage omra toute l’année a déjà été suspendu en mars.

Ensemble, ils ajoutent 12 milliards de dollars à l’économie saoudienne chaque année, selon les chiffres du gouvernement.

Une décision négative décevrait probablement des millions de pèlerins musulmans à travers le monde qui investissent souvent leur vie et endurent de longues listes d’attente pour faire le voyage.

« Je ne peux pas m’empêcher d’avoir le cœur brisé – j’attends depuis des années », a expliqué à l’AFP la fonctionnaire indonésienne Ria Taurisnawati, 37 ans, en sanglotant.

« Toutes mes préparations ont été faites, les vêtements étaient prêts et j’ai reçu la vaccination nécessaire. Mais Dieu a un autre plan. »

Source AFP

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